Nous vous parlons souvent de petits villages pittoresques au charme indéfinissable; c’est bien normal quand votre mission est de faire rêver! Pour le second volet de notre dossier sur les jeepneys, on va s’éloigner un peu de cette habitude.
Baguio est une ville modeste du nord des Philippines: population d’un peu plus de 250 000 habitants. Sa situation géographique en ferait rêver plusieurs: cernée de monts et de vertes collines, des vues enchanteresses s’enchainent tout autour d’elle. Jadis, on l’appelait la capitale d’été des Phillipines, pour son ambiance paisible, ses vues champêtres et son air des montagnes.
Je vous ai entretenu récemment sur les jeepneys, ce moyen de transport atypique qui personnifie à merveille le folklore phillipins. ( Pour les découvrir, voir mon montage-vidéo dans l’article précédent: « Et si on rentrait en jeepney?!?« ).
Il est cool le jeepney! Mais aussi cool soit-il, il cache malgré tout un aspect noir, très noir… un véritable côté obscur!
Vous aurez peut-être deviné que le côté obscur du jeepney se trouve à l’embouchure du pot d’échappement. En effet, ces « camions-taxis » consomment énormément de carburant et sont excessivement polluants.
Leurs mécaniques sont souvent vétustes et cochonnent drastiquement l’air ambiant. Lorsqu’ils doivent monter une pente, un épais nuage de fumée noire, opaque, les suivent invariablement. Aucune règle ne semble s’appliquer à ce sujet et nombre de vieux bolides croulants, à l’efficacité douteuse, circulent sur les chemins philippins.
Vous vous demandez le lien entre Baguio et les mauvais côtés des jeepneys? J’y arrive.Le prix d’une course en jeepney est ridiculement peu élevé. Populaires et peu coûteux, les philippins désirent les voir couvrir chaque parcelle du pays si bien qu’ils n’ont cesse de se multiplier. Il sont plus de 150 000, juste sur Manille, et ce nombre semble en constante augmentation.
Si Manille est une métropole autour de laquelle il est (malheureusement!) normal de s’attendre à trouver des épisodes de smog, la présence de trop nombreux jeepneys a aussi transformé le visage de certains endroits magnifiques du pays.
Le phénomène frappe particulièrement fort à Baguio. Cette dernière joue le rôle d’une « ville-relais » où convergent la majorité des routes du Nord. En effet, le chemin menant à chaque bourgade de la région aboutit ici. Conséquemment, une importante concentration de jeepneys se retrouve dans cette municipalité nordique.
Les villages environnants grossissent et les jeepneys sont de plus en plus nombreux à faire le trajet vers ceux-ci. Ils atterrissent tour à tour au centre-ville de Baguio qui se situe complètement au bas de la ville, assis au creux de la cuvette que forme le relief avoisinant. Cloîtré par de hautes montagnes, l’air y stagne.
Ces véhicules se faufilent difficilement et sont loin de favoriser une circulation fluide. Longs et immenses, ils causent d’importants bouchons de circulation. En fait, les embouteillages y sont fréquents, pour ne pas dire constants, malgré la relative petitesse de la ville.
Le cercle vicieux est bien installé.
Les jeepneys se retrouvent coincés dans la circulation, leurs moteurs tournent inutilement et l’air s’encrasse de plus en plus, accentuant un smog dans lequel la ville semble plongée en permanence.
À Baguio, on étouffe! L’air n’est pas agréable à respirer. Plus encore, il est parfois pénible de simplement déambuler dans ses rues. Le moindre effort coupe le souffle et une crasse noire s’accumule à répétition à l’intérieur des narines.
Aussi étonnent que ça puisse sembler, y respirer nous remémorait notre passage dans le ville de Delhi, en Inde. Une métropole de 25 millions d’âmes…juste ça!
La pollution a fini par envahir toute la ville qui n’était, déjà, pas particulièrement charmante. Les immeubles sont sales, les murs jaunis. On se croirait presque dans la bouche d’une fumeur invétéré!
Les jeepneys sont un véritable fléau environnemental. Ils sont salauds et constituent une plaie dans cette région. Les philippins devront en prendre conscience et réagir, folklore ou pas!Tout de même, tout n’est pas noir à Baguio. Je vous laisse sur une note plus légère en vous parlant d’un petit coin où l’on voit la vie en rose! Au pied d’une colline qui se dessine au milieu de la ville, se trouve un immense parc où l’on peut, entre autres, faire de l’équitation.
Afin de créer un peu de féérie, et probablement dans le but d’éviter une dépression collective aux habitants, des palefreniers ont choisi de peindre leurs chevaux et de leur donner des allures de licornes magiques, de pouliches enchantées ou de je-ne-sais quelle autre créature échappée de l’imaginaire d’une fillette.

Vous devriez voir le sourire des petites filles alors qu’elles aperçoivent ces montures fantaisistes devenues réalité…et la crise qu’elles peuvent vous faire si un parent se refuse à les laisser y monter! Joli coup de marketing. Très efficace!
Faut aussi voir la mine ahurie de ces cheveux qui se retrouvent ainsi maquillés. Je ne sais pas si on parle de maltraitance envers les animaux, mais je soupçonne que ces déguisements portent une sérieuse atteinte à l’estime de ces pauvres canassons….
Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres!
Miguel
Plein de « merci » pour tous ces récits passionnants qui permettent de découvrir des lieux, des modes de vie et parfois de revoir des villes, des sites où j’ai eu aussi la chance d’aller. C’est plein de vie, d’humour et de respect, quel beau partage vous nous faites là !
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Merci pour ce reportage sur les jeepneys et sur Baguio, hantée par le nombre effarant de ces véhicules si rocambolesques! On a tellement l’impression de faire ce voyage avec vous! Bravo!
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