Et si on rentrait en Jeepney?!?


Manille, capitale des Philippines. Nous venons de visiter la vieille ville, le soir tombe et nous rentrons tranquillement, les jambes alourdies par notre longue journée de marche. Comme j’étais tenté de vivre l’expérience depuis notre arrivée, je propose alors:

« Et si on rentrait en jeepney?!? »

– STOP –

Je sais, vous dites en ce moment:  « Mais, Miguel, qu’est-ce qu’un jeepney? ». Ne vous inquiétez pas, je ne vous laisserai pas seul avec wikipédia…Soucieux de calmer votre curiosité, je vous présente mon plus récent vidéo: « Les Jeepneys ».

– 5 min 48 de pur divertissement, top chrono! Traversez les quelques secondes de présentation historique avant de groover sur un petit vidéo-clip. Planant sur une ambiance funky, découvrez en quelques images le terrain de jeu de ces bêtes métalliques qui, nuit et jour, tiennent le haut du pavé dans la capitale.

On se revoit après la toune.

Voilà! Vous savez maintenant ce qu’est un jeepney!

Bien sûr, de nos jours, il ne reste presque plus de ces vestiges de vieux jeeps militaires reconditionnés. Si on fabrique depuis longtemps de nouveaux jeepneys, on se fait tout de même un devoir de conserver cette devanture de jeep, si caractéristique.

Ces immenses véhicules sillonnent les rues en se partageant des itinéraires établis par le gouvernement, qui détermine aussi des prix fixes pour les différents trajets. Le prix d’une course, absolument dérisoire, contribue à rendre ce transport publique très populaire.

En région, l’affaire est assez simple: il n’y a souvent qu’une seule route couverte par le service et le jeepney fait le relais entre les différents villages.

À Manille, par contre, c’est une autre histoire! Des centaines d’itinéraires s’entrecroisent pour former une mosaïque tout aussi complexe que confuse.

Les destinations du jeepney sont indiquées à la peinture sur la carrosserie et sur le pare-brise. Il faut choisir le bon, d’autant plus que les chauffeurs n’y inscrivent souvent que les arrêts les plus populaires ou,  pire encore, que les deux pôles de leur trajet. Arrangez-vous pour savoir ce jeepney croisera votre destination en se rendant au bout de sa course!

Bien que nous avons aimé chacune de nos balades en jeepney à travers le pays, nous chérissons particulièrement notre première expérience au coeur de Manille. C’est un peu à l’aveuglette que nous nous sommes retrouvés à traverser la métropole en faisant confiance que la vie nous mènerait à bon port. Ces moments là sont toujours mémorables.

Si vous en avez l’occasion, tentez votre chance! Sachez que les locaux sont contents de nous voir grimper dans un jeepney et se mêler à eux. Ils vont même vous aider à débarquer au bon endroit…dans la limite de leur niveau d’anglais, évidemment! Peu importe, ils vous souriront abondamment… et le sourire, lui, est universel!

Comment ça marche?

D’abord, le passager attend sur la rue et hèle le jeepney au passage. Il n’y pas d’arrêt fixe, il faut simplement patienter sur leur trajectoire.

Au croisement des plus grandes artères, là où les jeepneys convergent inévitablement, des « brigadiers » sont positionnés pour repérer pour vous le bon transport. Vous lui dites où vous voulez vous rendre, il vous pointe un véhicule qui saura vous y mener. C’est aussi lui qui, au travers du capharnaüm de piétons, fera signe au conducteur qu’il lui a trouvé des clients. Croyez-moi, au coeur de la métropole, cet homme au regard aiguisé vous sera salutaire.

Le chauffeur ralentit pour permettre au passager de « bondir » à l’intérieur. Le mot est bien choisit: le chauffeur ne va s’immobiliser que s’il est en avance sur son parcours ou s’il constate qu’un petit groupe désire monter à bord en même temps. Chaque seconde est précieuse et chaque passager à venir constitue des gains supplémentaires pour le conducteur. Il ne veut pas perdre de client au profit des autres jeepneys. Alors, on se dépêche et on monte au plus vite!

Une fois à l’intérieur, on crie le nom de la destination désirée et on remet son argent au voisin immédiat. Le paiement circulera de main en main jusqu’à atteindre le chauffeur. Il ne faut pas s’inquiéter, votre change vous reviendra…à un moment donné!

C’est que le conducteur est passablement occupé… Véritable virtuose du volant, il attrapera votre argent, comptera le change à vous rendre (à vous, et aux multiples passagers), le fera circuler, gardera un oeil sur la route (pour ne manquer aucun client) tout en faufilant son immense bolide au travers d’une circulation dense et chaotique. Le tout s’effectue bien souvent sous le rythme d’une musique tonitruante que hurle des haut-parleurs beaucoup trop puissants pour le besoin du service. C’est que les systèmes de son « boostés » font partie intégrante d’un jeepney correctement « pimpé ».

Quand on veut débarquer, on crie à nouveau ou, plus simplement, on tape sur le toit du véhicule. Le résonnement du métal saura indiquer votre intention au chauffeur malgré la musique qui lui déchire les tympans jour après jour.

Fait inusité, il y a toujours de la place dans un jeepney…TOUJOURS! Tant que vous réussissez à vous trouver un peu d’espace, vous pouvez embarquer. Il n’est pas rare de voir des passagers s’accrocher à l’arrière des jeepneys alors que les bagages s’accumulent sur le toit.

C’est plus vrai encore en région éloignée où les jeepneys passent bien moins souvent. Personne ne veut attendre le prochain. Et à ce sujet, les philippins sont d’une  extrême patience. Le jeepney est plein à craquer, les passagers s’embarquent les uns sur les autres, tout le monde est dans la bulle de tout le monde, ou carrément sur leurs cuisses et… un client attend pour entrer à son tour. Qu’à cela ne tienne, on va lui faire de la place!

Personne ne va rechigner de se retrouver encore plus compressé dans la cabine et ce, même pour un long voyage. Si vous n’êtes pas content, débarquez! Tout simplement.

Techniquement, la cabine est conçue pour accueillir dix-huit passagers (deux longs bancs de neuf places). Pourtant, nous nous sommes déjà retrouvés plus de trente dans (et sur!) le même jeepney!

Avec les années, ils sont devenus un véritable emblème national et quiconque séjourne au pays ne peut que se rendre compte de leur importance dans la culture et le folklore philippin.

Ce type de moyen de transport est assez commun en Asie mais nulle part ailleurs on ne voit des véhicules aussi flamboyants et aussi richement décorés. Les propriétaires sont fiers de leur jeepney; ils mettent beaucoup d’efforts à les enjoliver et à les rendre plus attrayants en les bardant de chrome ou d’accessoires rutilants.

Chaque jeepney est unique et constitue une oeuvre d’art en soi. Peint à la main, on y retrouve autant de designs urbains, de dessins abstraits, de fresques religieuses, de culture pop, de publicités, de personnages de BD ou même de portraits. Ici, les graffiteurs s’exercent bien plus sur ces immenses taxis que sur les murs.

Véritables galeries d’art mobiles, les jeepneys sont ni plus ni moins devenus l’expression d’un street-art philippin sur quatre roues!

Miguel

Catégories :Philippines

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