Bali: Île des Dieux, île de traditions


« Bali, c’est bien plus qu’un voyage ou un pays à découvrir: un départ dans l’imaginaire, une incursion en terre de poésie »  – Christine Jordis –

Voilà qui est dit, et si bien en plus!  Une terre de poésie…

Ce n’est pas sans raison que l’on surnomme cette partie de l’Indonésie l’île des Dieux.   En effet, elle regorge de traditions fascinantes à découvrir.  La religion est au coeur de la vie des balinais.  En fait, les rituels religieux de toutes sortes peuvent occuper jusqu’à quatre heures de leur journée!   Vous imaginez?  La religion est si importante qu’elle est même inscrite sur leur carte d’identité. Plus encore, jusqu’en 2015, il était interdit de se déclarer athée. Les Indonésiens devaient obligatoirement choisir parmi les six religions officielles au pays.

Tout d’abord, il faut savoir que les Balinais sont en grande majorité hindouistes, alors que l’Islam domine dans le reste de l’Indonésie. En fait, on peut pratiquement parler d’hindouisme balinais puisque leurs croyances sont à plusieurs égards influencées par leur passé animiste (croyance ancestrale selon laquelle les êtres vivants mais aussi les éléments naturels ont une âme).  Si leurs rituels ne ressemblent en rien à l’hindouisme classique, les dieux vénérés, eux, demeurent les mêmes.  Brahma, Vishnu, Shiva ou Ganesh sont honorés d’innombrables façons, tout comme le sont aussi les montagnes, les volcans, les rizières, les plages, les arbres… et les démons!  Et oui, les balinais croient aux esprits maléfiques comme aux esprits bienveillants et à l’importance d’équilibrer leurs forces.  À leurs yeux, chaque humain joue un rôle dans cette recherche d’équilibre, tant par ses prières que par ses rituels et ses offrandes.

Un rituel d’offrandes est pratiqué plusieurs fois par jour.  Il consiste en une succession de gestes, tous effectués avec une grâce et une présence qui traduisent bien tout le respect que les balinais ont pour les dieux.  On dépose des petits paniers d’offrandes minutieusement confectionnés dans des endroits précis de la maison ou du temple, en hauteur comme au sol. Tout en récitant une prière, on asperge l’offrande doucement avec une fleur de Frangipanier trempée dans de l’eau bénite, pour y laisser tomber quelques gouttes.  On termine en y ajoutant un bâton d’encens allumé; la fumée permet à l’offrande de rejoindre les dieux ou les démons à qui elle s’adresse.

Les offrandes, ou segehans, sont fabriquées tous les jours par les femmes.  Elles tressent des feuilles de palmier pour former les paniers.  Elles y couchent des fleurs fraîchement cueillies, des grains de riz, du feuillage, des fruits et des aliments sucrés (carrés de sucre, bonbons, biscuits).  Ces offrandes se multiplient et se complexifient lorsqu’ils y a des festivités ou des cérémonies.

Que ce soit à la maison, devant l’entrée d’un restaurant, d’un commerce et même sur les voitures et les scooters, on retrouve ces petits paniers partout. Ceux posés en hauteur, sur les autels ou dans les temples, sont destinés aux dieux alors que les offrandes mises au sol, lieu impur, servent à calmer les démons.

Les offrandes destinées aux démons sont plus simples et moins appétissantes; alors que celles consacrées aux dieux sont plus raffinés. Suivant leurs croyances, les démons, gourmands, se contentent de peu d’artifices et la moindre offrande leur étant adressée saura les attirer, même si elle contient de la nourriture avariée! Les petits paniers sont parfois si nombreux à joncher le sol qu’il n’est pas rare qu’ils soient piétinés par les voitures et les passants. Peu importe, c’est le geste (celui de l’offrande et de l’encens qui brûle) qui compte.  Les paniers séchés et abîmés sont balayés en soirée et font place à de nouveaux dès le lendemain.

Le port de l’habit traditionnel est toujours de mise durant le rituel, bien que plusieurs balinais portent le sarong coloré en tout temps. Pour les femmes, il est accompagné d’une chemise en dentelle finement ajustée mais également d’une ceinture de tissu à la taille, servant à séparer les parties du corps pures (le haut du corps) et impures (les pieds).  Les hommes vont quant à eux revêtir un sarong plus simple, une écharpe à la taille, une chemise unie et, lors des cérémonies, un foulard attaché sur la tête.

Bien que le rituel des offrandes soit ravissant à observer, bien d’autres traditions toutes aussi fascinantes ont su piquer ma curiosité.  En voici quelques unes…

Les noms et prénoms

Les balinais croient beaucoup à la signification du nom qu’il donne à leur enfant.  Dans la caste des paysans, qui regroupe près de 90% de la population, les membres d’une même famille ne portent pas tous le même nom.  En effet, ce dernier est attribué par les parents au troisième mois de vie.  Il tient compte de différents aspects tels que le caractère du bébé, son apparence mais aussi des qualités qu’on souhaite qu’il ait en lui.

Le prénom est quant à lui déterminé selon l’ordre de naissance dans la famille.  Un premier enfant porte le nom de Wayan, Putu ou Gede.  Le second s’appelle Made ou Kadek, le troisième Nyoman ou Komang et le quatrième, Ketut.  Dire qu’au Québec, nous avons chaque année droit à une nouvelle liste des prénoms les plus populaires et les plus originaux!

Les maisons familiales balinaises

C’est à Ubud que nous avons pu observer les plus belles maisons familiales, organisées selon des principes traditionnels bien définis.  La maison se divise en trois zones: la partie sacrée, la partie neutre et la partie jugée impure.  La première est consacrée au temple familial où ont lieu les cérémonie et les offrandes.  Cette zone occupe un espace considérable dans la maison, même s’il en résulte que les membres de la famille doivent vivre plus à l’étroit.  La seconde zone comprend la cuisine commune ainsi que les pièces où ont lieu les activités sociales.  Dans la dernière partie, impure, se situent les toilettes et l’espace réservé aux animaux.

Tant l’emplacement des pièces que les aires distinctes sont construites en respectant une orientation; par exemple, la zone sacrée et les têtes de lit sont dirigées vers le mont sacré Agung.  La maison est entourée d’un muret protecteur comprenant une porte magnifiquement travaillée et souvent suivi d’une statue de Ganesh. Ensemble, ils serviraient à détourner les esprits maléfiques de l’entrée de la demeure.

À Bali, comme dans bien des pays d’Asie, la famille est très unie. Tous les membres de la famille cohabitent ensemble, et ce, en dépit de l’espace disponible.  Le dernier garçon d’une famille continuera de vivre avec ses parents pour prendre soin d’eux.  S’il se marie, sa femme et ses enfants viendront aussi habiter avec eux. Les filles, elles, demeurent donc avec leurs parents jusqu’à ce qu’elles trouvent époux.

Et les chats eux?

Au cours de nos promenades, nous avons souvent aperçu des chats ayant la queue coupée. Au départ,  nous pensions qu’ils avaient été victimes d’un malheureux accident ou encore qu’ils avaient pris part à une bataille féline ayant mal tournée.  Cependant, voyant autant de chats ainsi « amputés », il devint évident que notre hypothèse s’avérait improbable!  De brèves recherches à ce sujet m’ont permises d’apprendre qu’il s’agissait d’une pratique locale.  Les balinais croient, en effet, que le fait de couper ou casser la queue d’un chaton libérerait une place au paradis!  Et bien…

Certains endroits nous marquent davantage que d’autres, laissent des traces dans notre âme…  Bali est  un de ces endroits qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.  Ma mémoire visuelle, olfactive, émotive, spirituelle… J’ai été chavirée par sa grande beauté et charmée par toute la spiritualité qui y règne.  Une spiritualité omniprésente, qui rythme le quotidien des balinais.  Ce fut pour moi un réel plaisir de découvrir l’Île des Dieux.  Je rêve déjà d’y retourner!

 Raphaëlle

Catégories :Indonésie

1 commentaire

  1. Oui, ce que tu en dis donne tellement envie de se rendre au bout du monde pour y goûter la vie balinaise au quotidien!

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  2. Raphaëlle,

    Quel beau diaporama sur Bali, nous avons été charmé par les photos et les informations qui nous étaient inconnues sur les coutumes et les croyances des gens de ce pays. C’est vrai que la poésie semble faire partie du quotidien, on est vraiment bien loin de tout cela!!!! Merci et à bientôt pour vos découvertes toujours très intéressantes. Suzanne

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