Avertissement: Ceci n’est pas un article végétarien. Cet article contient des traces de viande et, semble-t-il, des photos qui pourraient choquer. Coeurs sensibles s’abstenir!
À tous les maniaques d’hygiène alimentaire et aux phobiques de la salmonelle qui sont révulsés à la simple idée de couper du poulet sur une planche de bois…
À ceux que le sang rebute et aux pseudo-carnivores qui refusent de s’imaginer que la viande dans leur assiette provient réellement d’un animal qui fût un jour vivant…
À toutes ces personnes atteintes d’une forme plus ou moins sévère de créatophobie (ça, c’est la peur de la viande)…
À vous tous, cet article n’est pas pour vous!
Aux végétariens et autres « vegans» de ce monde…je vous fournirai probablement quelques arguments supplémentaires dans votre quête de conversion humaine vers un végétarisme planétaire!
Aux apprentis-végés presque convaincus qui n’attendent qu’un dernier coup de massue sur la pile de leurs arguments: Bonne lecture!
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La bonne bouffe, c’est bien appétissant dans votre assiette, mais encore faut-il qu’elle passe par quelques étapes avant de s’y rendre. En Asie, une de ces étapes, c’est le marché. Les familles comme les restaurants s’y approvisionnent, des grands établissements aux petits comptoirs de rue.
Si les marchés de fruits et légumes sont des endroits empreints de charme où il fait bon déambuler, les marchés de viandes, eux, ont ce je-ne-sais-quoi de moins…séduisant disons.
En fait non; ils ont un « je-sais-quoi » de dérangeant; du moins lorsqu’on le regarde au travers de nos lunettes d’occidentaux.
Explications en trois mots…
1- ODEUR
Ça pue le sang, partout, tout le temps! Une odeur de sang caillé, une odeur imprégnée, figée dans chaque recoin. Une senteur lourde et pénétrante de tripes, de viscères et de caillots qui vous envahie les narines. Repoussante, la première bouffée de cet air fétide vous fait soudainement douter de votre volonté à vivre cette expérience.
Il y a deux types de marchés. Les premiers exhibent leur viande en plein soleil et on en vient à se demander si elle n’est pas vendue partiellement cuite. Les deuxièmes, plus nombreux, trouvent leur niche dans un lieu mal aéré, recouvert généralement d’un toit de tôle qui absorbe abondamment la chaleur.
Les étalages de pêcheurs n’étant jamais trop loin, des senteurs de vieille marée se dégagent de leurs comptoirs et s’entremêlent aux effluves sanguines de viande rouge. Des poissons à la fraicheur parfois douteuse laisse dégager des arômes ma foi…répugnantes. Le résultat laisse comme une impression de carnage en pleine mer!
Oubliez la glace. Oubliez aussi les contenants hermétiques; ici, tout est à l’air libre. Plus qu’à rajouter poulets crus et autres volailles saignantes et laisser ces divers «fumets » macérer entre eux dans cette chaude moiteur… je vous laisse imaginer le parfum! Répugnant!
Cette atmosphère, épaisse, étouffante, constitue un nid parfait pour la culture massive de bactéries, germes et autres coliformes. Dans ces incubateurs à microbes, on ose à peine respirer par peur qu’une salmonellose galopante s’infiltre dans nos narines!
2- HYGIÈNE
Ce simple mot ne parvient pas à franchir le seuil de la porte des marchés.
Exiguës, ils renferment un nombre bien trop grand de comptoirs qui s’empilent les uns sur les autres. Un mince tracé sinueux permet à l’acheteur de se faufiler au travers des présentoirs et des carcasses pendouillantes. Rapidement, on réalise qu’il sera difficile, voire improbable, de traverser la pièce sans se frotter à répétition sur des caisses crasseuses qui s’empilent un peu partout.
Le bois du plancher est teinté d’une couleur rougeâtre, résultat de nombreuses années d’accumulation de sang et autres liquides corporels. Aux premiers pas, nos pieds expérimentent une drôle de sensation…comme s’ils collaient et glissaient en même temps sur une couche poisseuse et gluante. On avance avec attention dans ce charmant décor accompagné du juteux « spouich-spouich » que font nos semelles sur le sol…
Les comptoirs des bouchers, maculés de sang, servent tant à dépecer, saigner et éviscérer qu’à présenter aux clients les pièces de viande taillées.
Vous voulez un morceau? On vous le découpera sous les yeux, puis on accrochera le reste de la carcasse sanguinolente au dessus des tables. Ainsi, la viande baigne sur des surfaces imbibées du sang des autres saignées de la semaine.
L’idée, bien sûr, est de l’exhiber aux prochains clients. Le résultat concret, lui, est plutôt d’offrir les carcasses en pâture à la horde de mouches qui vivent ici en maîtres des lieux. C’est d’un chic, croyez-moi!
Le paradis d’une mouche, c’est certainement ces marchés où elles peuvent se rouler dans le sang, se gaver de viande et se multiplier à volonté en toute tranquillité… Je suis convaincu que les mamans-mouches qui s’y reproduisent se félicitent du bel avenir qu’elles assurent à leurs innombrables rejetons!
Le coin des poulets n’est guère plus invitant.
Sous vos yeux, on coupe les cous, on saigne et on déplume. On en passe ainsi plusieurs dizaines d’avance, histoire de ne pas perdre son temps. On entasse les volailles crues ensembles sans se demander si on en a tués assez pour la journée. Les marchands estiment le nombre requis, par habitude, en espérant qu’il n’en reste pas trop pour le lendemain…
🎶Quand je vais au marché, je mets dans mon p’tit panier: des boyaux, des tripes et des vicères…🎶
Les marchandes vont éviscérer et dépecer chaque oiseau à main nue. Ces pauvres dames condamnent leurs mains à sentir éternellement le poulet cru. Éternellement je vous dis!
Chaque retaille sera mise de côté pour la vente: abats, entrailles, boyaux. Rien n’est jeté, on récupère tout puisque tout se vend et se consomme, les pattes, les têtes…même le sang! Il est recueilli dans de petits bols et servira de base de soupe ou de fond pour la cuisson.
3- HABITUDE
Indéniablement, il s’agit d’une question de moeurs. C’est frappant de voir comme les asiatiques sont habitués à cette façon de faire et personne ne semble dégoûté de ce spectacle.
Les clients viennent y faire leurs emplettes sans rechigner ni se préoccuper de la salubrité. Les enfants semblent heureux d’accompagner leurs parents ici, comme un enfant aime aller à l’épicerie au Québec.
Les commerçants attendent patiemment leurs clients dans cette ambiance dégoutante et ce sol crasseux. L’argument leur semble d’une logique implacable: le plancher, on va le cochonner à nouveau demain…On y jette quelques sceaux d’eau et le tour est joué!
À côté de ce décor, les vidanges s’accumulent et s’entassent. Personne ne semble préoccupé par leur proximité avec la viande. (Comme on parle de nourriture, je devrais plutôt écrire promiscuité!)
Je n’ai aussi noté aucun lavabo, ni aucune aire de nettoyage…pas même pour les mains!
Je vous présente, dans cette chronique, des photos prises au marché de Kota Bharu en Malaisie. Cependant, des scènes similaires se retrouvent un peu partout à travers l’Asie. Il existe bien des épiceries plus modernes: plus rares, on les retrouve surtout dans les grandes villes et les achats y sont bien plus dispendieux que dans les marchés.
Nos sociétés occidentales sont hyper aseptisées et notre conception de la santé et de l’hygiène alimentaire est à des lieux de ce qui se fait ici. Bien sûr, dans les marchés de viande que je vous présente, la négligence et l’insouciance sont, à cet égard, manifestes et presque…palpables!
Mais je ne peux tout même m’empêcher de penser que chez nous, on est peut-être un brin paranos…
Enfin, puisque salmonelle rime souvent avec crampes, fièvre et diarrhée chez l’humain…j’aime à penser que je vis généralement dans une société plus rigoureuse en ce domaine.
La beauté de l’affaire, c’est qu’après cette visite, on est drôlement conscient que les restos d’ici s’alimentent à ces marchés et qu’on se retrouve en bout de ligne de ce sympathique processus alimentaire…qu’on aille le voir ou non!
Pour le dîner, on a curieusement opté pour un repas végé…que voulez-vous, les légumes nous appelaient…et nous inspiraient confiance!
Parce qu’un légume tranché, ça saigne pas mal moins!
Miguel
« Les voyageurs n’ont ordinairement pour observer que les lunettes qu’ils ont apportées de leur pays et négligent entièrement le soin d’en faire retailler les verres dans le pays où ils vont. »
– Jean Potocki
Mmmmmm quel beau hasard, hier je faisais ma première épicerie végétariennne! Au grand désespoir de Zac, très peu pour lui les lentilles, tofu et autres! Je vais lui faire regarder ces photos… Pour moi c’est évidemment juste un petit plus dans mes influences de prendre un virage de plus en plus végé! Pour notre surprise encore plus grande, j’imagine, comme au Sri, que plusieurs marchands travaille pieds nus! On est vraiment ailleurs! Merci pour ces images, très heureuse que ce ne soit pas des ´´gratter et senter’´ comme les fameux collants de ma jeunesse!
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pas mal réaliste… et répandu dans le monde entier, pas seulement en Asie!
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Article choc! Ma théorie: il faut parfois de mettre la tête dans le sable pour continuer de manger. Ici, il faut faire attention aux viandes car les animaux sont shootés aux stéroïdes, les fruits-légumes-céréales sont arrosés de pesticides, les vaches laitières sont bourrées d’antibiotiques, les aliments industrialisés sont garants d’un diabète futur, les poules à chairs ne sont pas respectées, de même que les poules pondeuses…etc, etc. Bref, c’est DANGEREUX! J’imagine que ces peuples (tout comme ceux des pays au Sud des É.-U.), doivent surement avoir les anticorps plus développés que nous en conséquence de leur alimentation. Merci pour ce beau partage! Nancy
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