Quand prendre l’autobus rime avec sport extrême…


Je sais, nous avons déjà traité plusieurs fois de nos transports… Mais que voulez vous, c’est notre quotidien! Et en toute sincérité, si vous aviez pris l’autobus ici, vous auriez vous aussi envie d’en parler, croyez-moi!

Les déplacements en autobus sont pratiquement incontournables au Sri Lanka.  C’est la façon la plus économique de se rendre d’un endroit à l’autre.  En effet, un trajet de 3-4 heures peut ne coûter que 2 dollars par personne.  On paie d’ailleurs le même prix que les locaux, ce qui fait du bien pour une fois!  Le réseau de transport public est très bien couvert par des autobus fréquents qui desservent tout le pays.  Il y a toujours une façon relativement simple de se rendre du point A au point B, suffit d’un peu de patience…

Malgré son aspect pratique, ce mode de transport est loin de m’avoir fait vivre les mêmes émotions que les trajets de train. C’est qu’ici voyez-vous, les voyages en autobus tiennent davantage du sport extrême que de la balade de plaisance!

Dans un autobus sri lankais, il n’y a pas vraiment de nombre maximum de passagers.  Quand il n’y a plus de place, il y en a encore.  Les Sri Lankais n’ont pas de problème à faire un long trajet debout dans l’allée ou entassés les uns sur les autres à 35 degrés.  C’est qu’ici, les employés des transports semblent payés au prorata des passagers qu’ils embarquent…  Ce qui laisse place à un carnaval de sollicitation par les ticket master dans les gares d’autobus, qui crient leurs destinations ou cherchent à voler les clients des autres autobus en déclarant que le sien est plus direct ou plus rapide.

Tous les autobus ont un ticket master.  Son travail consiste à trouver des passagers, en gare et dans les rues mais aussi à les faire payer, pendant que le chauffeur conduit.  Il doit se faufiler à travers la foule qui tient place dans l’autobus pour collecter son dû auprès des nouveaux passagers tout en tenant immanquablement sa liasse d’argent d’une main.  Parfois incapable puisque le véhicule étant trop bondé, l’argent circule de main en main jusqu’à lui, puis le change retourne de la même façon.  Il semble toujours se souvenir de qui a déjà payé et qui ne l’a pas fait.

Si on attend à un arrêt en bord de route, l’autobus ralenti et il faut crier notre destination au chauffeur ou au ticket master.  Celui-ci confirme s’il se rend ou non à notre destination tout en nous mettant de la pression pour sauter rapidement dans son véhicule. Pas de temps à perdre, les deux portes sont d’ailleurs ouvertes en permanence pour faciliter les embarquements.  Il faut alors se dépêcher le plus possible pour y entrer (avec nos gros sacs à dos) parce que l’autobus s’arrête le moins de secondes possible. On se retrouve donc entassés sur les autres passagers, pour une durée qui nous est presque toujours inconnue. Au mieux, nous avons une approximation…souvent inexacte.

Les chauffeurs d’autobus, quant à eux, sont visiblement des gens très pressés si on en croit leur style de conduite.  Pour tout vous dire, ils seraient probablement arrêtés pour conduite dangereuse s’ils conduisaient au Québec… Ils sont rois et maîtres sur la route et ont priorité en tout temps.  Pourquoi risquer de perdre quelques secondes en ralentissant avant une courbe?  L’autobus prend des airs de bateau qui tangue au vent dans les virages.  Il faut se tenir très solidement si on ne veut pas finir sur son voisin.   Excellent exercice pour développer ses bras, ses jambes et ses abdominaux!

Les arrêts en douceur n’existent pas ici.  Les chauffeurs sont adeptes de freinage à la dernière seconde, au risque de frapper ce qu’il a en face de lui.  C’est peut-être d’ailleurs pour ça que les chauffeurs demandent aux dieux de les protéger en ornant leur véhicule de toutes sortes de décorations spirituelles…  Se multiplient statuettes, banderoles et affiches à l’effigie de Bouddha, Vishnu et Ganesh ainsi que bien d’autres.  Certaines affiches nous invitent à la méditation! Comme si c’était possible dans un tel contexte… Les chauffeurs vont même jusqu’à faire un signe de prière à chaque fois qu’ils passent devant un temple…à deux mains, en lâchant le volant!

Ralentir lorsqu’il y a quelqu’un en avant n’est pas non plus une option pour le chauffeur, qui préfère klaxonner et dépasser (en voie inverse évidemment).  Le klaxon est en fait son instrument de prédilection.  Il klaxonne pour avertir le conducteur du véhicule en avant qu’il s’en vient, pour l’informer qu’il le dépasse (ce qu’il fait invariablement puisque le chauffeur va plus vite que tout le monde), pour dire aux gens (ou aux vaches) de se tasser afin qu’il n’ait pas à ralentir inutilement, pour saluer les autres chauffeurs ou encore pour annoncer son arrivée dans un village….Tassez vous, l’autobus arrive! Les klaxons sont sur-utilisés, au grand dam de nos oreilles.

Si ce n’était que le klaxon! Pour notre plus grand divertissement, on retrouve toujours dans les autobus une musique qui joue à tue-tête et souvent un écran qui projette des vidéos de spectacles… que personne ne peut voir de toute façon… à cause de tout ce monde debout!

Et les sièges dans tout ça?  Et bien ils ont fini par faire naître un complexe quant à la largeur de nos fessiers!  Nous ne parvenons, Miguel et moi, qu’à asseoir 3 fesses sur un banc conçu pour 2 passagers.  Ainsi, nous devons alterner durant le trajet pour permettre à celui qui n’a qu’une seule fesse assise de se reposer.  Ah oui, j’oubliais… Les bancs sont en cuirette ou encore recouvert d’une pellicule de plastique. Nous en sortons donc immanquablement avec le derrière des pantalons et le dos du chandail complètement mouillés.  C’est d’un chic pour arriver en ville!

C’est avec un certain soulagement, je l’avoue, que je peux maintenant dire que nos trajets d’autobus au Sri Lanka sont derrière nous.  Je suis reconnaissante d’être toujours en vie, je peux maintenant en rire!  Moi qui suis parfois nerveuse sur la route, gageons que je le serai beaucoup moins à mon retour au Québec!!!

Raphaëlle

Catégories :Sri Lanka

3 comments

  1. Ha ha!! Ça me rappelle des souvenirs!! Lâche pas!

    J’aime

  2. Vous le savez déjà mais vraiment vous avez toute mon admiration!

    J’aime

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueueurs aiment cette page :