– Anecdote de voyage –
De passage à Colombo, Raphaëlle et moi cherchions comment dépenser les quelques heures que nous avions à passer dans la capitale. En effet, Colombo a, de notre humble avis, bien peu à offrir à vos deux touristes qui souhaitaient découvrir le pays avec impatience.
Ayant lu que le marché de Pettah présentait un certain intérêt, c’est sans surprise que nous y avons trimballer nos corps encore affectés par le décalage horaire et par notre récente escale au Qatar.
Le marché de Pettah, comme bon nombre de ses semblables, est un amas de petits commerçants entassés les uns sur les autres et présentant une multitude de produits variés et disparates. De petites rues serrées peinent à se dessiner à travers ce bataclan et les habitants de la ville s’y entassent pour rejoindre les petits marchands qui sauront leur vendre leurs attirails à bons prix.
Aux heures d’achalandage, ces rues ne permettent qu’une difficile cohabitation entre piétons et automobilistes. Bien peu de voitures s’y aventurent. Toutefois, on y rencontre, étonnamment, nombre de camions colorés qui arrivent à s’imposer dans la foule pour alimenter les différents commerces.
Des dizaines de tuk-tuks, nullement intimidés par les piétons, y circulent aussi.
- Le tuk-tuk est un tricycle motorisé servant généralement de taxi.
- Tuk-tuks du Sri Lanka: et oui, comme les « rickshaws » en Inde!
Les conducteurs se creusent un passage au milieu du fouillis et évaluent, un peu à l’aveuglette, la vitesse appropriée, la qualité de leurs freins et, bien sûr, leurs réflexes de conduite!
Nous venions à peine de pénétrer dans ce charmant bordel lorsqu’un conducteur de tuk-tuk plus téméraire me doubla sur la droite (ici, on conduit à gauche!) et me frappa à la hanche. Je vais bien, je vous rassure.
Ce qui n’allait pas, par contre, c’est que le haut de mes shorts se sont accrochés à un morceau mal rabouté de son tuk-tuk. Incapable de me déprendre, je fus littéralement tiré vers l’avant alors que je courrais à ses côtés contre mon gré.
Manifestement, le conducteur n’entendit ni mes cris, ni le bruit de ma main qui frappait avec acharnement sur son bolide pour attirer son attention. Son passager, lui, me regardait courir, impuissant, les yeux écarquillés devant la scène qui se jouait si près de lui.
Dans son empressement, le conducteur poursuivit sa route sur quelques mètres avant de s’arrêter, par chance, devant des piétons qui lui barraient la voie.
Mes shorts ont déchiré de toutes parts, le zipper a rendu l’âme et je me suis retrouvé à moitié dénudé, de mon vêtement …et d’un peu de mon orgueil! Mes nouveaux haillons pendaient à ma taille devant la foule hébétée qui analysait le résultat.

Par souci de décence, j’ai réussi à replacer mes shorts un peu plus convenablement pour la photo…je l’ai déjà dit, c’est un site respectable ici!
J’ai tenté, sans grand succès, de cacher mes sous-vêtements tout en laissant échapper quelques sacres bien sentis. Le conducteur, qui ne comprenait évidemment pas un traitre mot de français, avait le visage du gars …qui savait que je sacrais!
Éberlué, il baragouina quelques mots dans un anglais approximatif, déformé par un fort accent cingalais. Autant vous le dire, dans l’énervement du moment, je n’ai rien compris de ce que j’ai soupçonné être des explications.
Raphaëlle, laissée derrière, accourue pour nous rejoindre. Je l’ai rassurée sur ma santé et en ai profité pour jurer à nouveau sur l’état de mes shorts. Elle au moins comprenait mes jurons! Faut bien me comprendre ici, c’était des shorts neufs, confortables, achetés expressément pour ce voyage. Et puis, vous savez, nos vêtements sont limités à l’essentiel; on ne transporte pas toute une garde-robe de rechange…
Le conducteur demeurait immobile, guettant ma réaction. Je lui ai fait signe qu’il pouvait quitter, non sans lui signifier une nouvelle fois mon mécontentement. Qu’aurais-je pu faire d’autres? La barrière de la langue, additionnée au fait que les pauvres chauffeurs de tuk-tuks n’ont clairement pas la capacité financière de rembourser quoi que se soit, ne permettait aucun arrangement.
Lui-même encore sous le choc, il prononça un petit sorry, bien timide, et reparti lentement en remerciant certainement Bouddha que je ne sois pas blessé. J’espère qu’il aura appris sa leçon!
Menant une bonne vie, l’accident s’était déroulé à quelques pas d’une échoppe de vêtements. Pour la modique somme de 250 roupies (un maigre 2.50 $ canadien), j’ai pu me procurer une splendide reproduction de produit Nike. Bon, ces shorts, bien que neufs, s’useraient de toute évidence prématurément si ce n’était de mon intention de ne plus les reporter une fois revenu à notre chambre…
J’ai même eu l’occasion de les essayer derrière une porte de bois déglinguée qui, selon le vendeur, devait faire office de cabine d’essayage. Dans les faits, c’était la barricade d’un chantier de construction où les ouvriers qui s’y affairaient eurent la gentillesse de me siffler lorsque je suis apparu devant eux en boxers. Je ne suis généralement pas un flâneux de magasins, mais croyez moi sur parole: j’ai inscris ici un nouveau record en rapidité d’achat de vêtements!
Et la leçon de Karma dans tout ça?
Et bien, voyez-vous; une fois les émotions retombées, me voyant exhiber mes sous-vêtements à la foule…aux marchands…et après lui avoir raconté que je venais d’émoustiller les gars du chantiers….et bien Raph a rit de ma gueule!!!
Si je ne payais pas de mine, les shorts en lambeaux, elle, s’est bien payée ma tête! L’après-midi durant, plus d’une fois, elle s’est moquée de mon petit malheur. Je sais, je sais, nous aurions tous fait de même; moi le premier.
Le Karma s’est donc manifesté quelques heures plus tard. La journée avançant, on venait de décider de s’en retourner. Alors que Raphaëlle me devançait, elle passa sous un oiseau qui se retenait justement de déféquer…et l’oiseau de chier directement…sur ses shorts!
Bien fait pour elle!
Miguel
Nota Bene: on n’a pas pris de de photos de ladite fiente…on ne versera pas dans le scatologique tout de même…respectable ce site je vous dis!
Té pas mal bô. Belle couleur aussi. (Ben non c’est pas si pire, tu t’en sors bien)
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Merci Véro, je profites du voyage pour renouveler ma garde-robe! 😉
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J’avais bien hâte de te lire!!! Tout à fait d’accord avec ta description de Columbo! Profitez bien des autres régions beaucoup plus agréable!
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on aime beaucoup le pays, t’inquiètes! Comme on disait, on n’est généralement pas fan des grandes villes.
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Une belle leçon de vie ça ! Votre site est fabuleux. Bonne continuation.
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Merci beaucoup Natalie! C’est toujours agréable de voir que nos lecteurs apprécient.
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Ha ha ha!!! Rien d’autre à dire!!
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Savoureuse anecdote!!
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